Ou le surgissement des mondes qui ne se disent pas
Originaire du Cantal – région française fortement marquée par une agriculture sur le déclin – Marie-Hélène Lafon en a une connaissance suffisamment aigüe pour faire émerger les forces qui l’agissent en profondeur, pour incarner les drames intimes et donner corps aux silences. Le verbe comme sillon, à la fois celui de ses pères littéraires Millet, Michon et Bergounioux qu’elle évoquera lors de la rencontre et le sien, qu’elle forge méticuleusement, frappe par sa densité, sa puissance à faire surgir le monde paysan où le corps et le geste ont pris le dessus sur les mots et les livres. Son écriture, «une étreinte avec la matière verbale», vise à donner une existence à ces êtres, îlots de solitude, qu’elle a découverts au cœur des campagnes d’abord, mais de plus en plus dans le fourmillement anonyme des villes, comme dans son roman Mo.
Marie-Hélène Lafon est professeure de lettres classiques à Paris et auteure de romans et de nouvelles. Son premier roman, « Le Soir du chien », a reçu le prix Renaudot des lycéens. Elle a également écrit, entre autres ouvrages, « Les derniers Indiens » et « L’Annonce ».
Dans le cadre du festival littéraire itinérant « Les Petites Fugues » organisé par le Centre régional du livre de Franche-Comté et en collaboration avec la librairie La Méridienne.