L’écrivain Romain Gary (R.G.) a choisi comme sujet de sa conférence : la situation du roman. Il débute son exposé en soulignant que, malgré certaines prophéties passées et présentes, le roman existe toujours. Pour R.G, il n’y a pas une définition universelle du roman. Néanmoins, il révèle à son auditoire sa vision de ce genre littéraire. Il prône un roman total, libre et insiste particulièrement sur la nécessité d’accorder à la fiction et à la réalité les places qui leur reviennent dans l’oeuvre. Il ne faut en aucune manière essayer d’extrapoler. Si faire preuve d’une imagination vraisemblable constitue du charlatanisme littéraire, alors Romain Gary l’assume. Pour le conférencier l’écriture d’une oeuvre romanesque dans un contexte politique particulier ne permet pas de changer à elle seule une situation sociale ancrée dans la réalité. Par contre, cela peut créer une mobilisation culturelle ou intellectuelle, qui selon les circonstances pourra jouer un rôle dans la volonté de changement. Bien que R.G voue à Kafka une grande admiration, car son oeuvre interroge entre autres sur les raisons de l’existence de l’homme, il considère que c’est sur le continent américain que le roman s’est le mieux renouvelé. Il n’hésite pas élever Cent ans de solitude de Gabriel García Marquez comme une oeuvre géniale, et en parle durant plusieurs minutes. Dans sa partie conclusive, Romain Gary souligne notamment que le roman écrit en toute liberté permet l’évasion. Cette opportunité, dans des sociétés qui parfois côtoient l’absurde se révèle être une subversion salutaire.
Romain Gary, rappelons-le, et l’auteur des «Racines du ciel", «La Promesse de l’aube", «Lady L.", «Chien blanc", «La nuit sera calme", pour ne citer que les plus connus parmi ses livres. Outre son activité littéraire, il a participé comme aviateur à la bataille d’Angleterre et à diverses campagnes de 1940 à 44. Entré dans la carrière diplomatique en 1945, il est notamment le porte-parole à l’ONU, puis consul général à Los Angeles. On lui doit également les films «Les Oiseaux vont mourir au Pérou» (1968) et «Kill» (1972), et l’on sait qu’il a épousé la comédienne Jean Seberg.