Shoah et devoir de mémoire : les dangers d’une mémoire sans transmission
En partenariat avec la LICRA Neuchâtel et la Communauté israélite du canton de Neuchâtel, le club 44 a invité l’historienne, sociologue, professeur émérite, Régine Robin (R.R) à s’exprimer sur la transmission de la mémoire de la Shoah.
Comme le précise R.R en introduction et dans le programme du club 44 : "dans le cadre du devoir de mémoire cette conférence portera essentiellement sur le fait de se situer entre «témoin» et «héritier». Comment le problème se pose-t-il pour les nouvelles générations qui n’ont pas connu l’événement, qui sont saturées de récits, d’émissions de télévision, de films, de documents, de musées, de visites à Auschwitz? Quels héritiers formons-nous dans cette interpellation du devoir de mémoire? Ne risquons-nous pas de forger une mémoire sans véritable transmission?".
Elle répond à ces interrogations avec pudeur et précision en évoquant sa propre expérience de la Shoah et surtout la manière dont elle a sensibilisé sa fille sur la question. Elle explique en tant qu’historienne également les portées et limites de la post-mémoire. Trouver le juste "point d’accrochage lors de la transmission, donner les bons éléments de représentation de la Shoah, constituent pour R.R les solutions afin que le devoir de mémoire ne tombe pas dans la banalisation. Pour R.R il est concevable que les formes de la transmission de la mémoire de la Shoah se fassent autant par la réalisation d’œuvres imaginaires que par des écrits historiques, à condition qu’il existe une mise à distance qui permette la réflexion.
Vivant entre Montréal et Paris, Régine Robin est historienne. Docteur d’État, professeure de sociologie à l’Université du Québec à Montréal pendant de longues années, elle est à présent Professeure émérite. Romancière et essayiste, elle a écrit une vingtaine de livres portant sur la mémoire collective, la Shoah, l’identité, l’autobiographie, les transformations des grandes villes, notamment dans « Mégapolis et Berlin Chantiers » pour lequel elle a reçu le Grand prix du livre de Montréal (2001).