Pour Marthe Robert (M.R), écrivaine et traductrice le roman est un genre indéfinissable, car il joue sur une illusion. La conférencière situe la première inspiration romanesque dans la fable de l’illégitimité parentale, que Freud lui-même à découvert lors d’entretiens introspectifs avec des patients névrosés. D’après des études plus tardives, l’Homme a eu l’imagination de supposer qu’il n’était pas ou ne connaissait pas ses parents ou que ces derniers n’étaient pas ses "vrais" parents. C’est le début du roman familial. Dans une première variante de la fable "Le roman de l’enfant trouvé", l’enfant se doit de retrouver ses vrais parents qui se révèlent puissants. Il va donc renier les premiers d’autant plus qu’il ne sait pas encore que ce sont eux qui l’ont engendré. Avec la venue de la sexualité, l’enfant prend conscience de son origine et crée le deuxième stade du roman familial. S’il ne peut plus renier sa mère, il doute de la légitimité du père et donc il se croit bâtard. Le thème de l’adultère apparaît. Son père espéré ne peut être qu’inconnu et glorieux. Cela revient à exprimer en imagination un désir d’inceste caché. Lorsqu’il réussit à surmonter ce fantasme, il tombe dans une amnésie infantile. Selon MR, la mythologie, les sagas familiales de Zola ou de Balzac, les protagonistes des contes de Perrault et de Grimm ainsi que le fantastique, sont tous issus de la structure du roman familial. Il n’y a guère que le nouveau roman de par son refus des histoires et des schémas préconçus qui se dresse contre lui. Il va même jusqu’à menacer son existence en reniant sa vocation d’éducation sentimentale et sociale.