Joyeux et désenchanté, joyeux parce que désenchanté, l’humour juif est, comme tout art véritable, une forme de pensée, une manière de connaissance.
Gérard Rabinovitch, à rebours des clichés et des malentendus fréquents qui mettent en général l’humour juif en posture mortifiée, propose à la confluence de l’histoire, de la philosophie et de la psychanalyse une nouvelle lecture de cet humour.
Reprenant encore la genèse de la pensée sur le rire dans la tradition philosophique occidentale depuis l’Antiquité, Gérard Rabinovitch montre que si la pratique d’auto-dérision de l’humour juif laisse déjà ses traces documentées au XIIe siècle dans le monde séfarade, avant d’être relayé ensuite par le monde ashkénaze, c’est en Angleterre que la notion se construit au tournant du XVIIIe siècle.
Ainsi l’humour, comme le plus sublime des rires, naît dans le champ éthique des enracinements bibliques juifs et chrétiens, et se distingue radicalement des autres formes de rire moqueur, méprisant, voire « pousse au meurtre ».
L’humour génériquement alors devient une manière profane et éthique qui participe de « l’élévation dans la vie de l’esprit » selon l’expression de Sigmund Freud.
Gérard Rabinovitch est philosophe, sociologue, chercheur au Centre de Recherches Sens, Éthique, Société (CERSES) – Université René Descartes / CNRS, et chercheur associé au CRPMS de l’Université Denis Diderot.
Conférence présentée dans le cadre du festival «philosophie et humour » organisé en collaboration avec l’ABC et le CCN-Théâtre du Pommier.
En collaboration avec la Méridienne.