Dans le cadre des semaines exploratrices de la réalité américaine, le professeur de sciences politiques, François Masnata, tente de répondre à deux questions : pourquoi les noirs sont-il en colère? Et pourquoi trouve-t-on chez les blancs un certain malaise ? Dès 1650, une distinction s’opère entre blancs et noirs. Le noir appartient à son maître corps et âme. La peur du fouet lui est inculquée et il apprend à "mépriser l’autre". Pendant et après l’esclavage il est soumis au pouvoir blanc car il n’est jamais arrivé à s’affranchir économiquement faute de formations et de moyens. Certains émigrent vers le nord et acquièrent un certain niveau de vie mais très souvent inférieur à celui du blanc. Cette dépendance le noir de la fin des années 60 la rejette. Il agit avec violence pour affirmer son identité. Il réalise que politiquement les blancs ont agi favorablement envers lui parce que des crises institutionnelles ou économiques les y ont contraints. Donc la colère des noirs est une conséquence logique d’une prise conscience du passé. Pour que ce sentiment cesse, il faut que les blancs "agissent". Les blancs sont persuadés qu’en votant certaines lois et crédits, ils ont fait un grand pas envers leur minorité. Donc ils ne comprennent pas cette colère. Depuis 1870 environs, ils considèrent qu’il n’y a pas de conflits entre la situation raciale et le système politique, culturel et économique américain. Mais que le problème consiste à faire mieux marcher le système pour en faire profiter le noir américain. Cependant cela ne fonctionne pas, car ce sont les mêmes forces (le fédéralisme, égalité, propriété privée) qui ont permis aux USA de devenir ce qu’ils sont, qui ont permis l’institutionnalisation du racisme.
Professeur de sciences politiques, auteur de l’ouvrage « Pouvoir blanc, révolte noire: essai sur la tradition démocratique aux Etats-Unis » (1968) et de « La volonté d’agir: vivre au passé suisse ou construire un futur » (1980).