M. Robert G. Neumann (RN), directeur de l’Institut des Sciences politiques de l’Université de Californie et conseiller des Départements d’Etat et de la Défense, traite dans cette conférence de la crise de l’OTAN dans une perspective non européenne. En 1966, l’OTAN connaît une grave crise après que la France ait menacé de quitter l’Organisation. En effet Charles de Gaulle exige la création d’un directorat tripartite afin de mettre son pays sur un pied d’égalité avec ses alliés, ainsi que l’extension des zones couvertes par l’OTAN afin d’inclure des zones d’intérêt pour la France, en particulier l’Algérie française. Selon RN, la France ne veut pas la révision de l’OTAN mais sa destruction. La proposition de la France ne concerne pas une véritable réforme de l’OTAN mais un règlement général des affaires du monde entre les trois grandes puissances. Pour RN, il est absolument impératif que les membres de l’Organisation ne suivent pas leurs propres intérêts nationaux mais qu’au contraire ils agissent dans la poursuite d’un intérêt commun. Dans la dernière partie de son exposé, RN aborde la question de l’avenir de l’OTAN. Il qualifie l’Organisation de lourde et dépassée et concède qu’elle ne peut en aucun cas subsister dans son état actuel. Il ne faut selon lui pas seulement se concentrer sur le domaine militaire. En effet, si les membres ne parviennent pas à se mettre d’accord sur le plan politique, il sera impossible d’établir une stratégie communautaire qui permettrait à l’Alliance de poursuivre sa route vers sa réhabilitation. Pour RN, les concessions doivent venir des deux camps, autant de l’Europe que des États-Unis. Afin d’illustrer l’idée qu’il est absolument nécessaire de se soumettre à la reconnaissance de l’intérêt commun pour agir efficacement ensemble, RN cite à la fin de son exposé une phrase de Robert Schuman, l’un de pères fondateurs de la construction européenne [47:35].