Jean-Pierre Monnier parle de son travail d’écrivain. L’entretien débute avec la lecture par Monnier de quelques extraits de son dernier livre, "L’allègement" (pages de la fin). Son interlocuteur lui demande ensuite comment et quand il est devenu écrivain, à quoi Monnier répond que l’amour des livres l’a toujours habité, qu’il est d’abord un lecteur cultivant un certain goût pour la "réalité transposée et plus pluridimensionnelle" de l’écriture. Proust et Ramuz sont les auteurs qui l’ont particulièrement marqué au départ. Il évoque ensuite son ouvrage "L’âge ingrat du roman", l’occasion de parler du rôle des écrivains dans la société et de relever avec une pointe de regret que "l’écrivain est un artisan comme un autre aujourd’hui", que sa voix n’a plus le pouvoir d’antan. Il discute également de l’attitude de l’écrivain par rapport à l’Histoire; "je crois de moins en moins à l’Histoire" déclare-t-il. Son expérience d’enseignant des langues anciennes (latin et grec) le pousse à dire par exemple que l’"Antigone" de Sophocle lui parle davantage que celle d’Anouilh. "Je pense qu’il y a l’éternité de l’homme, que rien n’a changé depuis 3000 ans, que les peurs et les désirs fondamentaux sont toujours les mêmes". L’étiquette "Monnier rétrograde" ou "réactionnaire" qu’on peut lui coller ne lui fait pas peur. Il traite ensuite de la création des personnages romanesques, et souligne l’importance pour l’écrivain de garder une distance par rapport à eux - ce que ne semblait pas faire Julien Greene qui se laissait vraiment conduire par eux. Monnier ne commence pas ses romans par les personnages. Une auditrice le complimente sur sa lecture et son style, et lui demande s’il n’a jamais souhaité écrire de la poésie; Monnier répond que oui, mais qu’il n’en a, en réalité, pas le don. Enfin, il lit un passage de son dernier travail en cours, un essai sur Monique Saint-Hélier.