L’une des figures féminines les plus connues de l’histoire de la
musique, célébrée dans le monde entier en 2019 à la faveur du
200e anniversaire de sa naissance, Clara Schumann est pourtant
mal connue car trop souvent réduite au rang de muse de génies. Or
se pencher sur son destin artistique et affectif exceptionnel amène à se poser la question du génie au féminin.
Enfant prodige, pianiste légendaire, compositrice talentueuse, professeur réputée, et aussi, dans une Allemagne pudibonde et rétrograde, fille, épouse, mère au quotidien, puis veuve, Clara Schumann incarna tous ces rôles au cours d’une longue vie, unique par sa somme de bonheurs et de malheurs conjugués.
Si plus tard Brahms ne fera pas grand cas de Clara compositrice, il
en est allé autrement de toute la génération romantique : Paganini,
Chopin, Mendelssohn, Liszt et Schumann. Tous s’inclinaient, le grand
Goethe compris, devant ses dons stupéfiants et sa nature supérieure
comme s’il allait de soi qu’on lui dût allégeance. Avec un rare
instinct, Clara Wieck, devenue Clara Schumann, sut déployer son
art aux côtés de celui des hommes et être leur « beau génie" sans
renoncer au sien.
Soirée en préambule au concert de la saison de la Société de Musique de La Chaux-de-Fonds qui aura lieu le jeudi 24 février à la Salle de musique.
Musicologue, docteur ès lettres, Brigitte François-Sappey est professeur honoraire de Culture musicale au Conservatoire national Supérieur de Musique de Paris et ancienne productrice de concerts et d’émissions à Radio France. Ses publications portent essentiellement sur le romantisme français et allemand : «Clara Schumann» (Papillon, 2002), «Robert Schumann» (Fayard, 2000), «Felix Mendelssohn» (Fayard/Mirare, 2003), «Johannes Brahms» (Fayard, 2018), «La Musique dans l’Allemagne romantique» (Fayard, 2009).