A table avec les chevaliers : littérature et symbolique alimentaire au Moyen Age
Après un repas médiéval frugal et convivial, Jean-Claude Mühlethaler le titulaire de la chaire de français médiéval à l’Université de Lausanne, Éditeur/traducteur de Charles d’Orléans et de François Villon aborde la question de l’utilisation que fait la littérature de la nourriture au Moyen Âge.
Dis-moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es. L’adage se vérifie dans la réalité de tous les jours et surtout en littérature. Dans les récits médiévaux, les codes alimentaires servent à distinguer le prince et le paysan, le chevalier et l’ermite… ainsi qu’à démasquer la lâcheté, la trahison ou une passion illicite. La table est d’un côté le lieu de la convivialité et de la mise en scène du pouvoir ; de l’autre, elle est le lieu de tous les dangers, de tous les excès. Si les chansons de geste et les romans arthuriens tendent volontiers un miroir idéalisant à leur public aristocratique, ils dénoncent aussi les plaisirs du ventre, source de rixes et de médisance, allant parfois jusqu’à exalter un idéal ascétique. Mais, du XIIe au XVe siècle, les changements sociaux et l’évolution des mœurs influencent les récits: quand apparaissent, à l’automne du Moyen Age, les premiers recueils de recettes, les écrivains accordent une attention accrue aux plaisirs de la table. Sensibles à l’éclat des cours princières, les hommes de lettres célèbrent parfois le faste d’un banquet, à moins qu’ils ne le condamnent au nom de la morale. Profondément ambiguë, la table se trouve au cœur même de la civilisation médiévale [C44].
En partant d’Astérix et Obelix, J.M accompagne l’auditeur dans les mondes du "Bel inconnu", de La chanson de geste de Guillaume d’Orange, de Perceval ou le Conte du Graal, de la Tapisserie de Bayeux, des cours princières.