Bord de scène suivant le spectacle « Le Souper , en compagnie de Julia Perazzini et Vinciane Despret, au Temple allemand (Centre de culture ABC).
Comédienne, performeuse, ventriloque, transformiste d’exception, Julia Perazzini imagine dans sa pièce «Le Souper» un dialogue avec son frère décédé. L’artiste invoque et désamorce sa propre peur de la mort pour l’offrir en miroir aux spectateurs et, une fois n’est pas coutume, l’envisager comme une puissance d’activation du vivant.
En conversant avec l’absent, Julia Perazzini élabore une déroutante alchimie entre souffle, corps et voix, qui réveille notre relation avec l’invisible, l’irrationnel, donne la parole aux recoins endeuillés ou figés de nous-mêmes. Elle méduse l’étrangeté, voire la légitimité, de la frontière entre ce qui est dit “absent” et dit “présent”. Pouvons-nous transgresser les règles des possibles connexions entre les êtres ? Il y va de la constitution d’un “nous”.
Elle n’a pas connu ce frère, disparu avant qu’elle ne naisse. C’est ainsi dans un grand vent de liberté formelle, mais avec pudeur et délicatesse, que l’artiste s’autorise à rêver que la vitalité de son frère pourrait réinsuffler de la vie là où les choses sont gelées, révélant ce terreau créatif et incorruptible de nos parties enfouies.
Vinciane Despret est philosophe, et passionnée par l’éthologie. Elle a participé à plusieurs projets pluridisciplinaires proposés par le Théâtre de Vidy à Lausanne. Elle est notamment l’auteure de « Au bonheur des morts », qui a fortement inspiré la création de Julia Perazzini. La veille, elle est au Club 44, dans le cadre de BIG BOUNCE pour la conférence « Si les animaux écrivaient, pourrions-nous les lire ? »
Philosophe passionnée par l’éthologie, Vinciane Despret a publié une
dizaine de livres sur ce sujet, notamment : « Penser comme un rat », « Que diraient les animaux si on leur posait les bonnes questions ? », « Habiter en oiseau », ainsi qu’une série de fictions avec « Autobiographie d’un poulpe ».
Julia Perazzini
Julia Perazzini est comédienne diplômée de la Manufacture à Lausanne en 2006. Elle écrit des pièces qui questionnent l’identité, notre manière d’exister, de se représenter aux autres, le langage, les forces de l’invisible.