Face au défi que représente la notion de « vivant », sorte de mouton
à cinq pattes discursif, l’art s’est toujours frotté aux nouvelles techniques de chaque époque. Aujourd’hui, avec la convergence du hard,
soft et du wetware, comment peut-on composer avec des systèmes
ou organismes vivants, entre imagination, représentation, simulation
et manipulation matérielle ? On se retrouve typiquement avec une
sorte de « paragone » tant esthétique qu’épistémique, oscillant entre
l’animation du technologique et la technologisation de l’animé. Dans
la « vie artificielle » d’aujourd’hui, l’attirail du laboratoire moite est même de retour, avec un vif intérêt de l’art pour les systèmes hybrides, aux frontières entre le vivant et le non-vivant, la vie synthétique et la vie organique.
Commissaire d’exposition, auteur et théoricien de l’art, Jens Hauser vit et travaille à Paris et Copenhague où il est chercheur au Medical Museion de l’Université de Copenhague. Il interroge les interactions entre art, technologie et vivant, et a été le commissaire d’une trentaine d’expositions et festivals internationales.