Les populismes ont le vent en poupe en Europe, mais aussi partout dans le monde. Leur montée en puissance est d’abord le symptôme de tout un ensemble de difficultés: désenchantement démocratique lié au fait du rendement démocratique décroissant des élections et au constat de l’usure des partis traditionnels, inquiétudes liées à une crainte diffuse de l’avenir dans un monde plus ouvert, sentiment d’injustice face à des inégalités galopantes. Tout cela a souvent été décrit. Mais les populismes se présentent aussi comme une réponse adéquate à cet état de fait. Ils se veulent en effet LA solution à tous ces désordres contemporains. On ne peut pas se contenter de déplorer cette expansion des populismes. Il faut aussi bien les comprendre pour être en mesure de résister à leur ascension ».
Pierre Rosanvallon est un historien et sociologue français. Ses travaux portent principalement sur l’histoire de la démocratie, du modèle politique français, sur le rôle de l’État et la question de la justice sociale dans les sociétés contemporaines. Le volet le plus important de son œuvre s’organise autour de l’étude de l’histoire intellectuelle de la démocratie en France. Il a notamment publié au Seuil «La Légitimité démocratique» (2008), «Le Parlement des invisibles» (2014), «Le Bon Gouvernement» (2015), «Notre Histoire intellectuelle et politique», 1968-2018 (2018) et «Les épreuves de la vie» (2021). Il occupe depuis 2001 la chaire d’histoire moderne et contemporaine du politique au Collège de France, tout en demeurant directeur d’études à l’EHESS.