La montée des populismes a été envisagée sous plusieurs angles : la crainte d’une rupture culturelle à cause des migrations, ce qu’exprime le thème du «grand remplacement», la peur de la mondialisation avec ses délocalisations, le refus d’être dirigé par des élites qui s’éloignent de plus en plus du peuple à mesure que les inégalités s’accroissent. Hervé Le Bras montrera que, plus profondément, une rupture du lien social, par éclatement des cellules traditionnelles de la famille et du voisinage, crée une angoisse que le sociologue Durkheim avait qualifiée d’anomie. Fermer les frontières aux hommes et aux marchandises ou affaiblir les corps intermédiaires au nom d’un «peuple» souvent fantasmé, ne résoudra pas la crise des liens sociaux.
Démographe et historien, Hervé Le Bras est également Directeur d’études à l’École des hautes études en Sciences sociales (EHESS, Paris), Directeur de recherches à l’Institut national d’études démographiques (INED, Paris), fellow de Churchill College (Cambridge). Il a enseigné à l’ENA, à Sciences-Po, à Polytechnique dont il est diplômé, à l’École des Beaux-Arts de Paris, à l’Université de Genève. Il a présidé le conseil scientifique de l’aménagement du territoire (DATAR). Il a publié de très nombreux ouvrages dont «Malaise dans l’identité» (Actes Sud, 2017), avec une préface de Jack Lang, et «L’âge des migrations» (Autrement, 2017).
