L’immersion est un concept bien connu des ethnologues, mais aussi des photographes. Elle consiste à se plonger durablement au cœur d’un univers social et à partager au plus près la vie de ses acteurs pour mieux en déchiffrer le fonctionnement. Le travail de Christian Lutz relève pleinement de cette approche ; que ce soit dans un ranch de l’Oregon pour explorer la vie et les représentations des cow-boys d’aujourd’hui (Outwest), dans les cou- lisses de l’Administration fédérale pour pénétrer les rouages du pouvoir politique (Protokoll), ou dans les milieux d’affaires au Nigeria pour mettre en lumière le commerce occulte du pétrole (Tropical gift), Christian Lutz cherche toujours à faire corps avec les milieux qu’il ausculte en s’y fondant durant de longues périodes. Mais cette pratique, si elle a ses vertus, com- porte aussi sa part de risques: le photographe, par son art, peut-il véritablement faire le tour de son sujet ? N’encourt-il pas le risque de voir parfois le sujet se retourner contre lui ?
Né en 1973 à Genève où il réside, Christian Lutz a suivi une formation de photographe à l’École supérieure des Arts de l’Image Le 75 à Bruxelles. Photographe indépendant depuis 1996, représenté par les agences Strates et VU’, il a reçu en 2009 le Grand Prix international de photographie de Vevey, en 2011 le Swiss Press Award pour Tropical gift et en 2012 le Prix de la Nuit de la Photo, La Chaux-de-Fonds.
