Nous vivons sous le règne de l’évidence sécuritaire. Le désir de sécurité s’énonce partout : des réformes pénales aux traités internationaux en passant par les mesures de santé. L’impératif de précaution a envahi nos existences comme s’il allait de soi de mesurer tous nos projets aux risques qu’ils font courir à la planète. Mais de quoi désirons-nous tant nous prémunir ? Suivant quelle logique la sécurité produit-elle de la légitimité? Et que disons-nous lorsque nous parlons d’un monde « dangereux » ? Le maître mot de cette nouvelle perception du réel est « vigilance ». Cette éthique de la mobilisation permanente est d’abord celle du marché, en sorte qu’il y a un lien très fort entre la banalité sécuritaire et le néolibéralisme. Peut-on en déduire une complicité secrète entre des États qui rognent sur la démocratie et des citoyens qui délaissent de plus en plus leur liberté?
Né en 1974, Michaël Foessel est enseignant de philosophie à l’Université de Bourgogne. Spécialiste de la philosophie allemande et de la philosophie politique, il a notamment collaboré à la revue Esprit et publié des ouvrages importants sur Kant et Ricoeur et tout récemment La Privation de l’intime et État de vigilance, critique de la banalité sécuritaire aux Éditions Le Bord de l’eau.