Guerres d’Irak, Afghanistan et Tchétchénie : comment couvrir ces nouvelles «croisades»?
En collaboration avec l’Académie du journalisme et des médias (AJM) de l’Université de Neuchâtel, le Club 44 a invité Anne Nivat (AN), reporter de guerre indépendante, à s’exprimer sur son métier, son choix de vie. Le savoir-faire et surtout la nécessité de témoigner sur les réalités des terrains belliqueux constituent les motivations de la journaliste. La seconde guerre en Tchétchénie en 1999 lui donne l’occasion de faire ses preuves. Elle apprend ce qu’est une guerre et comment la couvrir d’une manière indépendante. Pour des questions de sécurité mais également par respect pour les habitants, elle se plie volontiers aux coutumes des pays. De par son travail de terrain, elle observe les gens, partage leur quotidien et livre des informations qui compensent la propagande officielle. Pour AN les reporters de guerre se doivent de couvrir continuellement les évènements depuis le terrain afin de ne pas céder au "journalistiquement" correct, au formatage de l’information par les différents médias.
L’oratrice tient absolument à souligner que dans ces guerres modernes que cela soit en Tchétchénie, en Afghanistan ou Irak, une minorité de personnes malveillantes prend en otage la majorité des habitants qui ne demandent qu’à vivre pacifiquement. Ces conflits déstructurent le présent et ne permettent plus l’avenir. Manger ou acquérir de l’essence devient quasiment impossible. Dans la dernière partie de sa conférence, AN prend le temps d’expliquer sa rencontre à Damas avec un irakien, combattant du djihad.
Anne Nivat est docteure en sciences politiques. Reporter de guerre indépendante, elle a vécu dix ans à Moscou basée en tant que correspondante pour des titres de presse francophone tels que Libération, Ouest France, Le Soir, Le Point, la radio RMC. Après avoir couvert seule, des années durant, la Tchétchénie, l’Afghanistan, l’Irak et la Syrie, depuis une décennie elle porte son regard sur son propre pays. Elle est l’auteure de quatorze livres, dont « Chienne de guerre : une femme reporter en Tchétchénie »(Fayard, 2000), prix Albert-Londres, « Dans quelle France on vit »(Fayard, 2017), « Un continent derrière Poutine ? » (Le Seuil, 2018), « La France de face » (Fayard, 2022), et de deux romans graphiques dont « Dans la gueule du loup » (Marabulles, 2021).