Machiavel avant le machiavélisme : quand les masques tombent et les visages se multiplient
Matteo Pedroni (M.P) enseigne la littérature et l’histoire de la langue italienne à l’Université de Lausanne. Bien que Spécialiste de la deuxième moitié du XIXe et du début du XXe siècle, il présente lors de cette conférence le ou les visages de Nicolas Machiavel (1469-1527).
Pour M.P le secrétaire florentin a subi injustement les foudres de l’Eglise et surtout de l’avocat franco-genevois Innocent Gentillet (1535-1588), homme de bonne moralité, qui accuse Machiavel, dans son ouvrage "Discours sur les moyens de bien gouverner" (Anti-Machaviel), d’ignorance, d’impiété, de supercherie. Donc de machiavélisme. Le personnage mais aussi ses principaux écrits le "Prince" et "Les discours" suscitent, au gré des contextes historiques et littéraires des réactions contrastées, jusqu’à nos jours d’ailleurs. Heureusement le positivisme et le post-idéalisme italien permettent d’analyser objectivement le personnage et son œuvre. Le mythe tombe et les chercheurs prennent conscience des multiples visages de Machiavel : poète, chancelier florentin, diplomate, humaniste, organisateur de la milice florentine, prisonnier et torturé, fondateur de la pensée politique moderne, chasseur, joueur de carte, philosophe, écrivain, républicain puis monarchiste. En bon historien de la littérature, M.P, en se basant sur les écrits du florentin met donc en lumière ses cohérences et incohérences. Il en ressort la présentation d’un personnage complexe qui, de par ses pensées philosophiques et ses actions politiques, éclaire à sa mesure il "rinascimiento".