Mondialisation, laideuretamnésie : le coma anthropologique est-il irréversible?
Dans le cadre de la thématique choisie par le Club 44 "le rapport au monde" et en collaboration avec le Festival Antilope (du 8 au 21 septembre 2008) et Payot Libraire, Michel Thévoz (M.T) ancien conservateur de la Collection de l’Art à Lausanne Brut et professeur d’histoire de l’art traite de la laideur dans son sens large.
Pour M.T, depuis le milieu du XXe siècle, la laideur s’est universalisée. Avec une certaine ironie, il propose d’ailleurs de créer un musée de la laideur dans lequel se trouveraient des fontaines artistiques, les affiches du parti socialistes ou bien d’autres choses. En se référant au Corbusier, l’orateur s’interroge sur les causes de la laideur ? M.T donne volontiers la responsabilité de cet état de fait à la publicité. La trop grande simplicité de son message éloigne les gens de la complexité de la réalité. Elle rend les gens fétichistes. Il illustre son propos en évoquant les pensées critiques du philosophe Jean Baudriard, ou du cinéaste Jean-Luc Godard. M.T se veut tout de même positif en soulignant notamment que l’esprit d’authenticité perdure. Dans un contexte de postmodernité qu’il trouve sinistre, M.T inscrit finalement la laideur dans ce qu’elle a de réversible et d’ambigu. Le conférencier ne pouvait mettre un terme à ses propos sans dire quelques mots sur les évènements de mai 68 en se référant notamment au sociologue Lévi-Strauss, M.T pense notamment que cette période relève plus de l’œuvre artistique que du fait politique.
Professeur honoraire à l’Université de Lausanne, Michel Thévoz, a été conservateur au Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne de 1960 à 1975, puis conservateur de la Collection de l’Art Brut depuis sa fondation en 1976. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages. Il vient de publier «L’art suisse N’EXISTE PAS» (Les cahiers dessinés, 2018).