Les papes en Enfer et les empereurs au Paradis! Les figures politiques chez Dante
En écho à la semaine du Centenaire de la Società Dante Alighieri de Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds, le professeur de littérature italienne à l’Université de Lausanne de 1983 à 2006, Jean-Jacques Marchand (J.M) traite des figures politiques chez Dante.
Selon J.M, Dante dans la divine comédie n’expose pas une doctrine, mais fait passer son message politique à travers les paroles et les actes de ses personnages. Son engagement en faveur de l’empereur le contraint à l’exil lors d’un coup d’Etat fomenté par le Pape de l’époque. L’auteur italien dans son œuvre majeure ne se lance pas dans une attaque frontale avec l’Eglise mais crée une distance critique en situant son œuvre hors-du monde, dans un au-delà constitué de l’Enfer, du Purgatoire et du Paradis avec les vices et les vertus de personnages historiques. Le sixième champ de chaque cantique de l’œuvre est consacré à la politique à Florence, en Italie et en Europe. La vision politique de Dante consiste à penser que les troubles qui secouent l’Europe depuis la chute de l’empire romain sont dus en grande partie à la papauté qui a voulu étendre au fil des siècles son emprise en Italie au dépend des empereurs. Au travers de la Divine Comédie et de ses personnages, il milite implicitement pour que le Pape n’exerce qu’un pouvoir spirituel. L’auteur va même plus en intégrant par exemple, d’une manière subtile, le Pape actuel en 1300, Boniface VIII dans les enfers pour l’ensemble de ses pêchés. L’Italie doit être préservée non seulement de la papauté mais également d’Etats comme la France qui louchent sur certains territoires italiens.