Dans un récit impressionniste et imagé, Nicolas Bouvier (NB) décrit le processus de l’écriture d’un récit de voyage : lire, partir, rencontrer et écrire. L’exposé commence par un panorama de l’oeuvre de NB par Philippe Marthaler, ami de l’écrivain. La conférence de NB est ponctuée d’extraits musicaux orientaux, de sa propre production ou choisis pour leur force d’évocation. Après la lecture d’un extrait de carnet de route sur le point de non-retour au bord de la mer Caspienne, NB entame le chapitre « lire », où il raconte sa boulimie de romans d’aventure et d’atlas lorsqu’il était enfant, et son goût, ensuite, pour les littératures étrangères. « Partir » évoque pour lui un désir de fuite, une envie de se perdre. Il lit un carnet écrit dans le brouillard du cap Erimo, au Japon. « Rencontrer » est le but principal de l’« état de nomade », la qualité des relations est exaltée par le fait qu’elles soient sans lendemain. Cet état lui permet aussi de se faire accepter dans toutes les couches sociales. Il lit un texte sur la rencontre avec un pêcheur juif écossais et sa compagne, une ancienne pute. Enfin, NB raconte le retour à l’état sédentaire et son travail artisanal de marieur de mots. Le texte final parle de la difficulté à trouver des mots pour évoquer le bonheur. Chaleureusement applaudi, NB se montre très à l’aise pour répondre aux questions de l’auditoire, qui portent sur la différence de notoriété qu’a le genre du récit de voyage dans les pays anglo-saxons et latins et sur la nécessité ou non de voyager loin. NB souligne que l’exotisme n’existe pas (à part en Suisse) et que tout réside à donner de l’importance aux humbles détails, comme le faisait Cingria. NB: «Nicolas Bouvier, un galet dans le torrent du monde» d’Adrien Pasquali vient d’être publié en 1996.