Henri Guillemin déploie ici un panorama vigoureux et magistral sur la question de Dieu. Il s’excuse d’emblée pour tant d’exhibitionnisme de la part d’un homme qui se rapproche de la mort, pourtant son exposé n’a rien de gênant, au contraire (même s’il est passablement ému à la fin). Son exposé trouve son origine dans le trouble qu’il ressent face à la chute verticale du christianisme dans le monde (mais également face à la chute de la foi chez les musulmans, les bouddhistes, les hindous, etc.). La foi semble reculer devant la science. Il parcourt donc les siècles depuis celui de Jésus (à qui il a consacré "L’Affaire Jésus") jusqu’à aujourd’hui, à travers les écrits de philosophes et d’écrivains (Voltaire, Pascal, Hugo surtout, mais aussi les structuralistes, Sartre ou Freud), de biologistes et de théologiens pour essayer de comprendre d’où nous vient la connaissance intuitive (référence à Platon) qui nous pousse à prononcer ce "mot si difficile et dénaturé de Dieu". Il s’interroge aussi sur les chances du christianisme dans le monde d’aujourd’hui et ne se prive pas de remettre en question l’Eglise, dont le dogme n’est pas immuable, et qui doit demander pardon et s’atteler avec urgence à la refonte fondamentale de la théologie: "Dieu comptable et vengeur, c’est fini!". Sa conclusion est formelle: "Tout se passe en fait en nous" sans dépendance à l’égard des lieux ou des personnes; mais "il y a de bons signes".
Origine : France ; Diplomate; écrivain; historien; attaché culturel à l’ambassade de France à Berne de 1945 à 1964; vivait à Neuchâtel (dès 1942, puis à nouveau à partir de 1954) où il est mort; né à Mâcon (France)