Correspondant littéraire de la NZZ en Suisse romande, Rudolf Maurer (RM) présente les conceptions d’André Gide sur l’URSS. Dans un premier temps, RM retrace brièvement le passage d’André Gide en terre neuchâteloise, où celui-ci réside 3 mois dans une ferme de la Brévine durant l’hiver 1894-1885, où il écrivit « Palude ». RM retrace les différents voyages d’AG, bien souvent en tant que naturaliste, au Congo notamment. Très tôt, dès 1920, explique RM, la Russie inspire à AG un vif intérêt et une forte sympathie pour la politique communiste. RM retrace le court voyage en Russie qu’entreprend AG en juin1936, inspiré par des auteurs tel que Pouchkine et Dostoïevski. En novembre de la même année, AG publie son « Retour de l’URSS ». RM décrit le contexte politique de l’époque où l’on se devait de choisir un camp, tiraillé par le communisme d’un coté et le national-socialisme de l’autre. RM cite AG à nombreuses reprises, tentant de définir la pensée d’un humaniste parfois aveuglé par la doctrine communiste pour qui l’URSS « transforme l’utopie en réalité ». AG nuancera cela, comme par exemple en 1934, parlant alors de communisme individualiste et dénonçant une dictature. Pourtant, RM révèle qu’AG ne voyait pas les aspects véritablement noirs de la Russie, les rejetant carrément. Les témoignages et critiques lui paraissaient alors douteux et c’est avec un certain cynisme qu’il comparait la terreur aux douleurs de l’accouchement. RM présente les réactions françaises, où les critiques ne tardèrent pas, parfois consternées, à l’instar de François Mauriac. Le débat porte sur l’attirance parfois aveugle d’AG pour la Russie et la réception de son oeuvre. RM raconte certaines anecdotes, tel que le voyage mal préparé d’AG à Berlin afin de rencontrer Goebbels pour la libération de Dimitrov. Il est également question d’un paradoxe chez AG, l’humaniste regrettant un clivage au sein de la population russe et l’esthète un nivellement.