Professeur de sociologie politique à l’Université de Paris-Nanterre, Annie Kriegel (AK) offre un modèle théorique de l’évolution de la logique d’émancipation et d’intégration de la communauté juive dans la société depuis la fin du 18e siècle. En introduction, Raymond Droz explique le léger retard de la conférencière en raison d’une interview qu’elle a accordé à la radio. Il note que la ville de La Chaux-de-Fonds est un exemple de l’intégration israélite dans une cité. AK raconte qu’elle est venue dans la région pour rencontrer Jules Humbert-Droz lors de ses recherches de doctorat sur l’histoire du communisme français. Partant de la révolution des idées du siècle des Lumières, AK explique sur un ton lyrique et vieille France l’évolution du modèle social et spirituel du judaïsme moderne. Le mouvement rabbinique a campé sur un projet traditionnel et communautaire, restant imperméable aux idées nouvelles ; alors qu’un camp moderniste s’est émancipé vers un judaïsme plus individualiste et citoyen, au risque de voir disparaître ses institutions. Toujours, estime-t-elle, la société européenne a fait pression sur les Juifs pour qu’ils s’assimilent et renoncent à leurs particularismes. AK explique que les Juifs ont lutté pour une société socialiste car ils espéraient qu’elle leur offre une intégration plus « juste ». Le dernier projet d’émancipation israélite a été de créer une nation territoriale en Israël, affirme AK. En conclusion elle affirme son espoir d’une résolution du conflit israélo-arabe suite à la rencontre de Begin et Sadate à Jérusalem le samedi précédent. NB: En 1977, AK a publié "Les Juifs et le monde moderne, essai sur les logiques d’émancipation".
Origine : Alsace ; Ancienne résistante, historienne, sociologue à Paris et journaliste (Figaro) ; assistante de J. Humbert-Droz pour « L’œil de Moscou"; auteur de « Les Juifs et le monde moderne; essai sur les logiques d’émancipation » (1977), « Israël est-il coupable? » (1982).
