Prix Goncourt en 1970, Michel Tournier (MT) offre une histoire de l’enfance, à la fois littéraire et sociologique, des sociétés primitives à l’heure actuelle. Présenté par Edgar Tripet, MT explique qu’il est venu à l’enfance par le roman, il s’est alors rendu compte que ses écrits sont des contes et a souhaité écrire pour les jeunes lecteurs. Il s’est alors heurté aux préconceptions des adultes sur la littérature enfantine, il raconte avoir eu des difficultés à trouver un éditeur pour « Vendredi ou la Vie sauvage ». Il s’est alors livré à une enquête historique sur l’idée d’« enfant », dont il livre les conclusions. Dans les sociétés primitives, l’enfant n’est accepté dans la société humaine qu’après une initiation. Dans la société d’Ancien régime, il est perçu comme un être vicieux, qu’il faut « construire » par l’éducation/initiation morale, loin des parents. Il fait un détour par les écrits d’Henri de Campion, qui, à première vue, semblait faillir à la règle étant donné sa passion pour sa fille, qui s’avère en fait de la pédophilie, affirme MT. Au 18e siècle, la bourgeoisie instaure une filiation affective avec les enfants et change le système d’éducation, plus informatif qu’initiatique. Rousseau, lui, confère un statut d’être innocent et parfait à l’enfant. Comme Lewis Carol, le Genevois a horreur de l’adolescence. Victor Hugo considère l’enfant comme un être divinement pur et asexué. Freud, enfin, rend aux marmots leurs pulsions sexuelles tout en leur reconnaissant leur fragilité. Pour la psychanalyse, l’enfance est en quelque sorte l’âme de la personne adulte. En conclusion, MT déclare que les enfants sont de bons compagnons pour les adultes, ce qui n’est pas le cas des adolescents, confie-t-il ( !). Lors du débat, il est question de l’influence de la télévision, du suicide des adolescents, entre autres. NB. En 1977, MT publie « Amandine ou les Deux Jardins ».
Romancier et auteur de livres pour enfants, membre de l’Académie Goncourt (1977).
Edgar Tripet
Ecrivain; ancien directeur, Gymnase de La Chaux-de-Fonds; vice-président de la Fondation Pro Helvetia; principal rapporteur du Rapport fédéral sur la culture (dit Rapport Clottu,1975); président de la Commission nationale suisse pour l’Unesco (1985-92)